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Très mauvaise nouvelle pour l’enseigne de prêt à porter française Kaporal. À l’instar de ses concurrents Camaïeu ou Go-Sport, celle-ci se demande son placement en redressement judiciaire. Pour la mythique marque adulée par une génération d’adolescent, c’est un coup dur. Pour cause : « des difficultés économiques sans précédent ». Cette annonce faite le 28 mars 2023 arrive à un moment de difficulté pour l’économie française. En effet, au travers de ses 113 boutiques en France, celle-ci emploie 534 personnes. Face à ces difficultés financières, Kaporal a tenté de faire appel à de nouveaux investisseurs, sans succès : « Kaporal n’est plus en mesure d’assumer seul le paiement de ses dettes. L’entreprise va ainsi utiliser un outil juridique mis à la disposition des entreprises confrontées à des difficultés ».
Kaporal : Un succès à la Française
La marque Kaporal est né en 2004 à Marseille. Cette ville est particulièrement connue pour être prolifique en matière de fabrication de jean. Celle-ci s’est rapidement distingué par un style inspiré par le vintage américain, ainsi que par l’ajout d’ornements. Avec son identité dans l’air du temps avec le boom du look streatwear des années 2000, Kaporal s’arrache auprès des adolescents et jeunes adultes. En outre, ses collections complètes pour hommes, femmes et enfants, c’est un véritable succès pour l’enseigne marseillaise. Néanmoins, c’est grâce à son rachat en 2013 par le fond d’investissement Towerbrook que la marque passera à un niveau supérieur. Ainsi, à l’aide de son nouveau souffle, la marque se lancera à l’international avec un franc succès. En 2016, la marque a réalisé un chiffre d’affaires de 124 millions d’euros.
Le prêt à porter : un secteur en crise
Nous sommes tous plongés dans la crise économique, et malheureusement certains secteurs en pâtissent plus que d’autres. En particulier le secteur du vêtement dont Kaporal fait partie. Dans la mesure où les ménages deviennent bien plus frileux à l’idée d’acheter de nouveaux vêtements, quand ils savent que ce n’est pas forcément nécessaire. En sachant que le prix des denrées ainsi que de l’énergie ont fortement augmentées ces derniers temps. À l’heure actuelle, d’après l’insee, nous sommes à 4.6% d’inflation sur le mois de mars 2023.
En raison de ces circonstances, il s’avère plus que raisonnable de restreindre son budget sur les besoins primordiaux. Selon Philippe Moati professeur d’économie à Paris cité : » Les actuelles tensions sur le pouvoir d’achat des ménages les contraignent à faire des arbitrages : les gens sacrifient l’habillement pour boucler les fins de mois. C’est un poste budgétaire qui répond à un besoin largement couvert : nos placards sont déjà pleins de vêtements, a-t-on vraiment besoin d’en avoir d’autres ? » Dans cet esprit, la conscience écologique sur les dommages de l’industrie du textile sur l’environnement pèse également dans la balance. Kaporal se trouvant, dans le cas présent, défavorisé de part et d’autres.
Kaporal : le dernier d’une longue liste
Tragiquement pour l’industrie française, Kaporal n’est que le dernier en date d’une hécatombe. D’ailleurs, la marque traverse déjà depuis quelques années certaines difficultés. Dans un communiqué, elle annonce : « Depuis de nombreuses années, la société a fait face à des éléments extérieurs imprévisibles et imparables, comme les manifestations des Gilets jaunes, la pandémie de Covid-19, les grèves successives et le choc inflationniste ».
Aussi, nous déplorons la mise en redressement judiciaire de la marque Go-Sport. Le parquet de Grenoble a déclaré : « Par un jugement solidement motivé, le tribunal (…) a constaté l’état de cessation des paiements de la société Groupe Go Sport et a ouvert une procédure en redressement judiciaire ». Effectivement pour la marque de sport, concurrente à Décathlon, les temps sont plus compliqués. La marque étant sous enquête pour d’abus de bien sociaux, de même que des commissaires auraient « transmis plusieurs révélations de faits délictueux ». Pour les 2160 salariés de l’entreprise, l’espoir est grand quant à un rétablissement de la situation. D’après BFM TV : « deux administrateurs et deux mandataires judiciaires ont été désignés pour une première période d’observation de six mois, afin de gérer l’entreprise dans le meilleur intérêt des salariés et des créanciers, sous le contrôle des juges et du parquet ».
Kaporal n’est pas la seule à être victime de la conjoncture actuelle. Puisque plus globalement, ce sont toutes les entreprises du vêtement possédé par l’homme d’affaire Michel Ohayon qui se retrouvent en position de faiblesse, dont font partie Go-Sport, Camaïeu, Gap…